Valentinien II

375 – 392
Valentinien II
(Flavius Valentinianus)

Le 17 novembre 375, le colérique empereur Valentinien Ier « s’énerva quelque peu » en recevant la soumission des Quades du Nord du Danube et tomba mort, victime d’un crise cardiaque ou embolie cérébrale. Gratien, son fils aîné et successeur présomptif, qui ne l’avait pas accompagné, séjournait à Trèves. Profitant de son absence, les chefs militaires romains préférèrent couronner Valentinien II, le plus jeune fils de l’empereur défunt, un bambin de quatre ans, né de sa deuxième épouse, et dont ils espéraient faire leur créature.

Gratien, qui n’était pas en position de force, accepta le choix de l’armée. Il ne voulait, dit-il, considérer Valentinien II que comme son frère (c’était en fait son demi-frère), et non comme un rival. Lui, Gratien, gouvernerait et protégerait les Gaules, la Bretagne et l’Espagne, tandis que son frère et collègue résiderait en Italie, une province moins exposée.

Après l’usurpation de Maxime et la mort de Gratien (25 août 383), Valentinien II, demeura le seul empereur légitime d’Occident. Cependant, bien qu’il fût l’assassin de Gratien, le bienfaiteur de Théodose qu’il avait élevé au trône d’Orient, Maxime put se faire reconnaître par l’empereur d’Orient. En effet, à cette époque, celui-ci était bien trop occupé par sa guerre contre les Goths pour venger l’assassinat de son collègue occidental. Cette paix précaire assura à l’usurpateur la libre possession de la (Grande-)Bretagne, des Gaules et de l’Espagne. Valentinien, quant à lui, garda l’Italie et l’Afrique (du Nord). Il n’avait encore que douze ans et ce fut Justine, sa mère, qui gouverna son « Empire-croupion » à sa place.

Justine professait l’hérésie d’Arius. Comme il fallait s’y attendre, elle entra bien vite en conflit avec l’éminent évêque Ambroise de Milan, farouche partisan de l’orthodoxie. Sous quelque prétexte futile, l’irritable ecclésiastique suscita de violentes émeutes contre l’impératrice, cette Jézabel idolâtre, et contre son fils, ce Néron en herbe. Mais la Jézabel en question n’était pas femme à se laisser traîner dans la boue : des troupes loyales à l’empereur et à son impériale génitrice furent envoyées pour s’emparer de l’archevêque et l’assassiner. Grâce et Dieu (et à une escouade de partisans fanatisés) Ambroise put échapper au traquenard.

On peut s’en douter, cette tentative de meurtre ne calma pas les esprits. Tous les jours, Chrétiens orthodoxes et hérétiques ariens en venaient aux mains. On était presque au bord de la guerre civile quand, devant l’intransigeance d’Ambroise, Justine fit machine arrière. Elle promulgua un édit de tolérance qui mettait ariens et catholiques sur le même pied.

Naturellement, cette demi-mesure ne pouvait satisfaire qu’à moitié le bouillant évêque de Milan, tant était vive sa haine envers les hérétiques de tout poil. Condamné à l’exil, il refusa de quitter son siége épiscopal. Du haut de sa chaire, Ambroise continua d’inciter ses ouailles à la désobéissance civile, souhaitant de tout son cœur quelque intervention céleste qui sauverait l’orthodoxie du péril mortel que constituaient le jeune empereur et son abominable hérétique de mère !

Ce ne fut pas le ciel qui entendit la supplique de l’archevêque de Milan, mais l’usurpateur Maxime.

Feignant la plus stricte orthodoxie (n’avait-il pas, en 385, fait rôtir tout vif l’hérésiarque Priscillien et ses disciples ?) et fort du soutien des partisans d’Ambroise, il envahit l’Italie (387).

Valentinien et sa mère ne purent résister : ils s’enfuirent en Orient afin de demander justice à l’empereur Théodose. Celui-ci ne devait-il pas son trône à la dynastie valentinienne ?

Théodose, dit-on, ne fut insensible ni aux pleurs du jeune Valentinien II ni aux charmes de sa mère Justine. Posant comme seule condition l’abandon de leurs croyances hérétiques (car Théodose était un bon catholique), il s’engagea à rétablir le jeune empereur sur son trône.

L’hiver 387 – 388 se passa en préparatifs militaires. Au printemps, Théodose, ayant rassemblé toutes les forces de l’Orient, tant romaines que barbares, attaqua l’usurpateur Maxime. Deux mois suffirent à abattre l’assassin de Gratien. Sur la Save (affluent du Danube), les cavaliers Alains, Huns et Goths de Théodose eurent raison des Germains et des Gaulois de Maxime. L’usurpateur s’enfuit du champ de bataille, voulut se réfugier dans la place forte d’Aquilée, mais fut livré à l’empereur d’Orient qui le fit exécuter.(Août 388)

maxime

Théodose pénétra en triomphateur à Milan et rétablit son jeune protégé dans ses fonctions impériales. L’évêque Ambroise qui avait, prudemment, évité de soutenir Maxime, ne fut pas inquiété. Il est également vrai que Valentinien II et sa maman lui avaient ôté toute raison de râler puisqu’ils avaient abjuré l’hérésie arienne.

Justine mourut dès son retour en Italie et Valentinien resta seul maître en ses domaines… Enfin, seul maître, c’est à voir ! En fait le pouvoir était aux mains d’Arbogast, un général franc qui s’était institué tuteur du jeune empereur. Ce très peu scrupuleux mentor s’ingénia à isoler Valentinien, devenu presque prisonnier de sa propre cour installée à Vienne, dans les Gaules. Un jour de 392, l’empereur tenta de briser le joug d’Arbogast. Il lui remit un document lui signifiant sa destitution, mais le Franc froissa dédaigneusement le parchemin et le jeta, provocateur, aux pieds du trône impérial. Valentinien, rougissant sous l’affront, tenta de tirer son glaive pour en frapper son étrange protecteur, mais ses domestiques, qui n’étaient plus, en fait, que ses gardiens, l’en empêchèrent.

Après cet éclat, l’empereur n’avait plus que quelques jours à vivre. On le retrouva mort dans sa chambre (dans sa cellule ?). Arbogast voulut faire croire au suicide, mais personne ne goba cette fable. (15 mai 392).

Valentinien II « régna » seize ans, mais n’avait que vingt ans au moment de sa mort.