Valens

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Valens

Valens était gouverneur d’Achaïe (Grèce) au début du règne de l’empereur Gallien (260-268). Voilà probablement une des seules choses dont nous sommes à peu près sûrs quant à ce personnage… Enfin sûr, si l’on veut, car le surnom « Thessalonicus » (= l’homme de Salonique) dont l’affuble Ammien Marcellin (historien de la fin du IVe siècle) situerait plutôt son gouvernorat en Macédoine qu’en Grèce. Mais enfin, nous n’allons pas ergoter pour quelques centaines de kilomètres !

Le gouverneur de Grèce Valens était donc, paraît-il, un homme de guerre qui resplendissait de toutes les vertus. Il était si brillant, si méritant et jouissait d’une si haute réputation que l’usurpateur Macrien commença à s’inquiéter d’un tel étalage de vertus.

Ce Macrien, après avoir fidèlement servi l’empereur Valérien dont il avait été l’un des principaux conseillers, avait profité de la disparition de son ancien maître, capturé par les Perses, et de l’anarchie ambiante pour disputer le trône à Gallien, fils et successeur légitime de Valérien. L’ambitieux Macrien avait – courageusement, il faut le souligner – repoussé l’envahisseur perse et s’était fait proclamer empereur par ses soldats. Tout l’Orient avait rallié sa cause, mais il lui fallait maintenant marcher sur Rome pour affronter son rival Gallien, et asseoir son autorité sur la totalité de l’Empire.

Cependant, entre l’empereur de Rome et Macrien se trouvait la Grèce (et la Macédoine) que contrôlait Valens. Et c’était là qu’il y avait un hic : si le trop vertueux gouverneur s’entêtait bêtement, par Dieu sait quel pointilleux scrupule de conscience, à demeurer fidèle à Gallien qui était, somme toute, l’empereur légitime, le compte de Macrien était bon. En effet, Valens et ses troupes pouvaient très aisément lui barrer le passage du Bosphore, le bloquant en Asie à la merci d’une réaction des partisans orientaux de Galien ou d’une contre-offensive perse. Mieux valait donc agir préventivement et éliminer cet empêcheur d’usurper en rond ! C’est pourquoi Macrien envoya à Valens, un certain Pison qui, tout rejeton d’une illustre famille romaine qu’il fût (ou prétendait être), n’en était pas moins chargé d’assassiner le gouverneur d’Achaïe.

gallien
Mais, manque de bol pour Macrien (et moins encore pour ledit Pison), son complot fut éventé. Le tueur à gages fut exécuté par les fidèles administrés de Valens dès qu’il eut traversé les Détroits.

Quant au vertueux Valens, il fut, comme qui dirait, contraint à une fuite en avant. L’exécution de Pison n’avait nullement incité Macrien à postposer ses projets belliqueux. En outre, Valens savait parfaitement qu’il n’avait aucune aide à attendre de l’empereur Gallien, toujours occupé à guerroyer partout sauf aux endroits où l’on avait besoin de lui.
Il se résigna donc à revêtir, lui aussi, la pourpre impériale, pensant ainsi renforcer la loyauté de ses troupes.

Espoir bien illusoire ! La fidélité de ses soldats ne résista pas bien longtemps à l’or oriental de Macrien : très peu de temps après sa désignation, l’honnête Valens fut massacré par les mêmes légionnaires qui l’avaient acclamé.

Voilà, en gros, ce que l’auteur de l’Histoire Auguste nous raconte du « tyran » Valens. Naturellement, il faut prendre tout cela avec un fameux grain de sel ! Retenons simplement que, vers 261, un certain Valens assuma, au nom de Gallien, certaines responsabilités (militaires, politiques) au Sud de la Péninsule Balkanique. De ce fait, il entra probablement en conflit avec l’usurpateur Macrien qui, à ce moment, remontait vers le Nord de l’Empire pour affronter Gallien.

Quant à savoir si ce Valens se proclama réellement empereur, ça c’est une autre histoire !