461 – 465
Sévère III
(Libius Severus)
libius severus
Majorien, avec ses rêves de restauration de la monarchie absolue romaine, avait donné des sueurs froides à Ricimer, ce général d’origine Suève qui, depuis l’assassinat d’Aetius (454), était le seul vrai maître de l’Empire romain d’Occident. Pour Ricimer, la décadence romaine n’avait que des avantages ! Aussi, une fois débarrassé de ce brouillon de Majorien, et comme sa naissance lui interdisait d’occuper lui-même le trône impérial, Ricimer il se jura de ne proposer au Sénat qu’un candidat à l’inconsistance avérée.
Ce fut ce Libius Severus, alias Sévère.
On ne connaît pratiquement rien de lui, et, en somme, ce n’est guère nécessaire puisque c’est Ricimer qui gouverna l’Empire à sa place. Enfin, « Empire », c’est beaucoup dire… À cette époque, l’Empire romain d’Occident se limitait, en tout et pour tout, à l’Italie péninsulaire. Le sud de la Gaule et l’Espagne étaient aux mains de Théodoric et de ses Wisigoths. Au Nord de la Loire, le préfet Aegidius, indigné de l’éviction et de la mort de Majorien, s’était allié aux Francs et avait fait sécession. En Dalmatie (Croatie actuelle), Marcellinus, un païen, s’était taillé une principauté indépendante, avait construit une flotte et écumait l’Adriatique.
Cependant, toutes ces menaces, réelles ou latentes, n’étaient que roupille de sansonnet face au danger que représentait, encore et toujours, le royaume vandale d’Afrique du Nord. Là, le roi Genséric avait constitué une véritable « état terroriste » avant la lettre. Ses galères surgissaient aux quatre coins de la Méditerranée et se livraient à des déprédations indescriptibles. « Suis le vent, répondait invariablement et dévotement Genséric au pilote qui lui demandait le cap à suivre, il nous mènera à la côte coupable dont les habitants ont offensé la justice divine ! » Mais, comme le fait remarquer judicieusement le bon Edward Gibbon (Hist. du Déclin, vol 1, XXXVI) : « C’étaient les nations les plus riches qui lui paraissaient toujours les plus coupables ! ». Les côtes d’Espagne, d’Italie, de Grèce, d’Asie mineure et même d’Égypte reçurent donc la visite des pirates vandales et en gardèrent longtemps les stigmates.
Ni le pauvre empereur Libius Severus ni son redoutable mentor Ricimer n’étaient assez costauds pour résister seuls au formidable empire maritime vandale. Pour purger la Méditerranée de ces pirates barbares, il était indispensable que toutes les forces romaines s’unissent, celles d’Occident et celles d’Orient.
Ricimer entama donc des négociations avec l’énergique empereur byzantin Léon le Grand. Mais celui-ci ne souhaitait pas d’un collègue sur le trône de l’Empire d’Occident qui ne serait qu’une marionnette aux mains de Ricimer. L’empereur que Léon voulait pour Rome serait un homme susceptible de tenir autant compte des intérêts de l’Empire d’Orient que de ceux de l’Empire d’Occident… Et comme cette brave potiche de Sévère ne pouvait en aucun cas assumer ce rôle, il mourut fort opportunément un beau matin de septembre 465.
Sévère écarté du champ de négociations, Ricimer se garda bien de désigner un empereur en Occident jusqu’à la signature du traité d’alliance avec Byzance (467). C’est à ce moment, deux ans après la mort de son évanescent prédécesseur qu’Anthémius fut enfin désigné par le basileus byzantin pour monter sur le trône romain.