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Regalianus (Régalien)
(P. C. Regalianus)
Dans l’Histoire Auguste, recueil fort tardif de biographies d’empereurs, ce Regalianus est facétieusement nommé Regilianus, histoire de « prouver » par un jeu de mots ringard qu’il était prédestiné au trône :
Un jour, ce « Régilien » était en train de dîner avec quelques-uns de ses officiers et l’un d’eux se serait interrogé sur l’origine de son nom. « Je me demande quand même d’où ça peut bien venir, ce drôle de nom de Régilien ? ». Un prétentieux personnage aurait alors savamment pris la parole et décliné les formes du mot latin « rex » (= roi) : « Rex, regis, regi, Regilianus » ( = « le roi, du roi, au roi, Regilianus »). Or, un soldat, qui passait justement par là, avait entendu la conversation. En bon militaire un peu lourd qu’il était, il prit la plaisanterie au premier degré, crut mordicus que les chefs de l’armée portaient un toast à la santé du futur roi Régilien et s’en alla tout benoîtement proclamer partout que ce Regilien, soutenu par tout son état-major, revendiquait le trône royal.
Regalianus, car tel est bien son vrai nom, était sans doute issu de l’ordre sénatorial. C’est du moins ce que donne à penser son très beau mariage avec une dame de haut lignage, une certaine Sulpicia Dryantilla.
Cela étant dit, c’est à peu près tout ce que l’on sait ce Régalien.
L’auteur de l’Histoire Auguste, décidément en veine imaginative, prétend encore que Regalianus était originaire de Dacie (Roumanie actuelle), et même qu’il descendait en ligne directe de Décébale, le roi des Daces à l’époque de Trajan… mais on sait qu’il ne faut pas croire cet écrivain sur parole !
Regalianus prit le pouvoir dans le même secteur (en Pannonie, auj. Autriche et Hongrie) que l’usurpateur Ingenuus, mais deux ans après l’échec de la révolte de ce dernier.r. Il ne semble cependant pas que les deux rébellions fussent liées.
En fait, Regalianus aurait été nommé empereur pour répondre à des impératifs d’ordre militaire. La population indigène des environs de Carnuntum (ville de garnison du Haut Danube à 20 km à l’Est de Vienne) était menacée par une invasion imminente des Sarmates et ces pauvres gens, complètement désemparés ne savaient vraiment plus vers quelle autorité se tourner pour les défendre. Il faut dire qu’à cette époque l’empereur Gallien en avait plein les bras. Il lui fallait repousser les Alamans qui avaient envahi l’Italie du Nord et, en même temps, contrecarrer les prétentions du général Postumus. Celui-ci après avoir tué Salonin, le propre fils de Gallien, avait pris le pouvoir à Cologne et s’était fait reconnaître comme empereur par presque toutes les provinces occidentales de l’Empire.
Cette situation politico-militaire troublée ne faisait pas l’affaire des populations danubiennes, elles aussi gravement menacées. Elles furent donc probablement très désappointées de voir l’empereur privilégier la défense de l’Italie et l’assouvissement d’une vengeance personnelle plutôt que le souci de leur propre sécurité. Le sénateur Regalianus, lui, se trouvait sur place. Lui au moins serait capable d’assurer à ses administrés la protection rapide qui leur était due. Ils payaient assez d’impôts pour cela !
Nous ne savons ne presque rien du « règne » de Regalianus si ce n’est qu’il fut court. Les rares monnaies qu’il fit frapper (toutes à Carnuntum) prouvent que le pouvoir de cet éphémère empereur fut peu étendu géographiquement. Certaines pièces indiquent aussi qu’il conféra le titre d’Augusta (impératrice) à sa noble épouse.
Les circonstances de la mort de Régalien demeurent, elles aussi, obscures.
L’Histoire Auguste prétend qu’il aurait trouvé la mort « à l’instigation des Roxolans (une autre peuplade barbare) ainsi qu’avec l’assentiment des soldats et des gens de la province qui craignaient les représailles de Gallien » (Hist Aug, Trente Tyr., X, 2).
Mais Dieu que tout cela reste flou !