Antoine Armand said businesses and the very wealthy could pay more in tax

La France face à « l'un des pires déficits » de son histoire (ministre)

Antoine Armand estime que les entreprises et les très riches pourraient payer plus d'impôts – Copyright AFP Eric BARADAT

La France a désormais « l'un des pires » déficits publics de son histoire moderne, a déclaré mardi le nouveau ministre des Finances, confirmant que de nouvelles taxes sur les riches et les grandes entreprises sont sur la table pour remettre de l'ordre dans les finances.

Antoine Armand a ajouté qu'il dialoguerait avec les acteurs économiques, notamment les syndicats et les organisations patronales, pour tenter de réduire les dépenses excessives du gouvernement.

Le déficit devrait atteindre 5,6 % ou plus du produit intérieur brut cette année, soit près du double de la limite fixée par l’Union européenne.

« À part une ou deux années de crise ponctuelles depuis cinquante ans, nous avons l'un des déficits les plus graves de notre histoire », a déclaré M. Armand sur France Inter.

« À ce niveau-là, la situation est grave. »

Le nouveau gouvernement du Premier ministre conservateur Michel Barnier devra faire face à un défi parlementaire dans les mois à venir.

Les ministres doivent tenter de faire adopter un budget 2025 contenant des mesures visant à assainir les finances publiques par la chambre basse de l'Assemblée nationale, divisée en trois après les élections anticipées non concluantes de juillet.

Barnier peut compter sur le soutien des conservateurs et du camp très réduit du président Emmanuel Macron, mais l'alliance de gauche du NFP et le Rassemblement national (RN) d'extrême droite pourraient renverser le gouvernement à tout moment lors d'un vote de confiance s'ils unissent leurs forces.

Dans une interview accordée dimanche, le Premier ministre a évoqué des hausses d’impôts « ciblées » sur « les riches ou certaines grandes entreprises » dans le cadre d’un plan visant à redresser la barre.

Barnier devrait présenter son projet de budget au début du mois prochain, un retard sans précédent par rapport à la date limite habituelle du 1er octobre, après que Macron ait pris tout l'été pour nommer un nouveau chef de gouvernement.

– Des travailleurs de réserve –

L’augmentation des prélèvements s’éloigne de la politique menée pendant sept ans par le gouvernement Macron, qui cherchait à stimuler l’activité en réduisant les impôts sur les entreprises, l’immobilier et la richesse, entre autres.

Les recettes fiscales ont été réduites d'environ deux points de pourcentage du PIB, à 43,2 %, entre la première élection de Macron en 2017 et 2023, selon l'Institut national de la statistique (Insee).

« Cela fait sept ans que nous ne voulons pas augmenter les impôts. Cela peut avoir du sens, mais il faut le compenser par un effort de réduction des dépenses… sinon on fait exploser le déficit », explique Thomas Philippon, économiste et professeur à l'université de New York qui conseille le gouvernement français.

Patrick Martin, président du Medef, s'est dit « ouvert à la discussion » sur une hausse des impôts, à condition que l'Etat fasse un « effort bien supérieur à ce qu'il demande » aux entreprises.

Barnier devait rencontrer Martin et le syndicat modéré CFDT mardi après-midi.

« Mon travail est de m’assurer que les taxes potentielles qui existeront n’entravent pas notre croissance, n’entravent pas la création d’emplois », a déclaré Armand.

« Nous n’allons pas imposer une charge fiscale plus lourde aux travailleurs, aux personnes appartenant à la classe moyenne », a-t-il ajouté.

En revanche, « les gens qui ont de très gros patrimoines, qui d'ailleurs ne paient parfois pas beaucoup d'impôts… peuvent-ils contribuer davantage dans notre situation actuelle ? », suggère Armand.

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