Honorius

Honorius

395 – 423
Honorius
(Flavius Honorius)

Second fils de Théodose Ier, il avait onze ans quand il reçut, à la mort de son père, le gouvernement de l’Empire d’Occident.

Presque aussitôt après l’élévation au trône d’Honorius, la cour de l’Empire romain d’Occident quittait définitivement la bonne ville de Rome. Il est vrai que la pression des Barbares se faisait plus forte de jour en jour : les hordes du chef goth Alaric ravageaient déjà le Nord de la péninsule italienne. Abandonnant la Ville à un Sénat de plus en plus amorphe et à un pape qui attendait la conflagration finale, l’empereur Honorius se réfugia à Ravenne, quasi imprenable au milieu de ses marécages.

La situation militaire et politique se dégradait d’année en année.

En 401, Alaric et ses Wisigoths, qui avaient envahi l’Italie, avaient été repoussés à grand peine par les armées romaines, désormais composées presque exclusivement de contingents « barbares » et commandées par un général d’origine Vandale : Stilicon, l’homme fort de l’Empire, le seul chef de guerre capable de faire pièce aux ambitions d’Alaric.
À l’occasion de ce succès, l’empereur Honorius, triste fantoche, bon à rien (ou mauvais à tout), délaissa un moment sa retraite de Ravenne pour s’en venir à Rome célébrer un triomphe bien immérité, le seul mérite de la victoire contre Alaric revenant à Stilicon !

En 406, re-belote. Cette fois ce furent les Ostrogoths de Radagaise qui déferlèrent sur l’Italie et assiégèrent Florence. Une fois encore, le brave Stilicon intervint, écrasa les Barbares et les refoula au-delà des Alpes.

Cependant, le peu d’organisation qui subsistait encore dans cet État romain déjà bien malade allait s’effondrer d’une pièce dans la nuit du 31 décembre 406 au 1er janvier 407.

Le Rhin était gelé et la nuit sans lune. Profitant de ces conditions météorologiques particulièrement favorables, des dizaines de milliers de Barbares, Vandales, Suèves, Burgondes, Hérules, Gépides et Alains, franchirent le fleuve à pied sec, puis bousculèrent les légions chargées de garder la frontière. La faible résistance romaine balayée en quelques coups de glaive, les hordes barbares se ruèrent alors sur les Gaules et l’Espagne, semant désolation et ruine sur leur passage.

Jamais les pays gallo-romains ne se relèveront de ces dévastations. Et pourtant le courageux Stilicon essaya une fois de plus de sauver les meubles. Il laissa l’usurpateur Constantin III guerroyer avec succès en Gaule contre les Barbares, et négocia avec Alaric. Dans l’espoir de le détourner de l’Italie et de l’éloigner de Rome, il lui fit miroiter la conquête de Constantinople. Mais Alaric n’était pas né de la dernière pluie. Méfiant, il exigea des garanties, territoires et argent. Un accord ayant été trouvé, l’armée coalisée des Goths et des « Romains dOccident » se concentra devant Pavie. La politique de Stilicon allait pouvoir enfin porter ses fruits quand un complot eut raison du chef vandalo-romain.

Le faible Honorius s’était laissé convaincre par d’envieux conseillers du péril, bien sûr imaginaire, que lui aurait fait courir l’ambition de Stilicon. Celui-ci refusa de plonger le pays dans une guerre civile alors que l’ennemi menaçait de toutes parts et préféra se laisser massacrer par les favoris de l’empereur.

Honorius, toujours aussi mal conseillé, déclara alors nulles et non avenues toutes les donations faites par Stilicon au chef wisigoth Alaric. Celui-ci, blessé dans son orgueil autant que dans son portefeuille, alla, aussitôt, pour se faire rembourser, mettre le siège devant Rome.

Peut-être retenu par une crainte superstitieuse, Alaric hésita pendant plus de deux ans à prendre la Ville d’assaut, préférant négocier sa retraite avec la cour impériale de Ravenne. La population de Rome souffrit beaucoup de cette alternance de trêves et de siège rigoureux. La famine poussa plus d’une fois les malheureux habitants au cannibalisme et les épidémies firent des ravages.

Enfin, le 24 août 410, une main traîtresse ouvrit bien grande l’une des portes de la Ville aux hordes d’Alaric qui, affamées elles aussi, songeaient pourtant à lever définitivement le siège.

Alaric permit à ses troupes trois jours de pillage, exigeant seulement qu’on épargnât, autant que possible, les Chrétiens et leurs biens. Mais tous les trésors de la Rome païenne tombèrent aux mains des Barbares, en particulier les richesses entreposées au temple de Jupiter Capitolin.
Selon certains, dans le butin se serait trouvé le trésor de Temple de Jérusalem, que l’empereur Titus avait rapporté à Rome après sa victoire contre les Juifs en l’an 70. C’est très probablement faux ! L’or sacré de Jérusalem resta à Rome jusqu’à l’autre grand sac de Rome, celui commis en juin 455 par le roi Genséric, Vandale et fier de l’être. Le trésor du Temple fut alors transporté en Afrique, sans doute à Carthage. Moins d’un siècle plus tard (en 533), le général byzantin Bélisaire mit fin au royaume vandale, rattacha l’Afrique du Nord à l’Empire romain de Justinien… et déménagea une nouvelle fois le fabuleux trésor, qui se retrouva à Constantinople. Ensuite, on perd définitivement sa trace.

Quoi qu’il en soit, vol sacrilège d’un trésor divin ou non, le sac de Rome ne porta pas chance à Alaric. Ayant quasiment conquis toute l’Italie, il voulut passer en Sicile. Mais, au milieu du détroit de Messine, une violente tempête anéantit sa flotte. Alaric mourut peu après ce désastre.

La mort d’Alaric et l’évènement de Constance III (421),, qui partagea le pouvoir avec Honorius, redonnèrent un espoir fugace aux habitants de l’Empire d’occident. Peut-être, finalement, les armées romaines, pourraient-elles rétablir la situation militaire ?. Hélas, Constance III mourut au bout de sept mois de règne, et, sans son aide, le faible Honorius resta absolument incapable de s’opposer aux nouvelles invasions barbares.

Il laissa à son successeur Valentinien III un Empire amputé de la majeure partie de la Gaule et de l’Espagne.