Septembre 2003 (page 4/4)
Sommaire du mois de Septembre : Clic
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14 Septembre 2003 |
Bidzina
a écrit : |
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Après la Crucifixion,
on ne voit que des femmes qui s'occupent du Christ.
Est-ce qu'à votre connaissance, il y a une explication
à ce sujet ? |
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RÉPONSE : |
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C'est simplement parce que les femmes sont à
la fois plus dévouées et plus courageuses
que les hommes !
Attention ! ne prenez pas cette affirmation péremptoire
pour une boutade. Elle n'est, en l'occurrence, absolument
pas déplacée. Voyez d'ailleurs comment le
brave (et très catholique) historien Daniel-Rops
parle de ces "Saintes Femmes", fidèles parmi
les fidèles de Jésus, même par--delà
la mort : "Les quatre évangélistes
ont raconté, chacun à sa façon, comment
le tombeau fut trouvé vide par les Saintes Femmes.
Ils sont d'accord pour dire que ces événements
mystérieux furent, en premier lieu, révélés
aux femmes : plus courageuses, obéissant davantage
à leur amour qu'à leur prudence et peut-être
aussi plus capables, par leur nature, de pénétrer
ces faits que la raison analyse mal et que leur inconscient
perçoit avec une étrange force de certitude.
Leur confiance et leur intuition les ont, en tout cas,
bien guidées." (DANIEL-ROPs, Jésus
en son temps, Fayard, 1945)
Certes, ce fut ce fut un homme, Joseph d'Arimathie, qui
plaça le corps de Jésus dans le sépulcre
(Matthieu 27 : 57-60 ; Marc, 15 : 46-47
; Luc, 23 : 50-56 - chez Jean, 19 : 38-42,
Joseph d'Arimathie est accompagné de Nicodème).
Mais ce furent bien les "Saintes Femmes" qui, le matin
du troisième jour après la crucifixion,
constatèrent que le corps de leur maître
adulé avait disparu du tombeau.
Des Saintes Femmes ou
une seule Sainte Femme ? Ici, les Évangélistes
s'embrouillent un peu :
- Chez Matthieu (28 : 1), deux femmes :
Marie-Madeleine et l'autre Marie ;
- Chez Marc (16 : 1), trois femmes : Marie
de Magdala (c'est-à-dire Marie-Madeleine),
Marie, mère de Jacques, et Salomé.
- Luc (24 : 1 - 10), lui, reste dans le vague
: il parle de femmes venues de Galilée
avec Jésus qui étaient Marie
de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques,
et leurs autres amies.
- Et enfin, Jean (20 : 1) ne mentionne qu'une
seule Sainte Femme : Marie de Magdala.
Que penser de cela ?
Même si les Évangélistes ne
s'accordent ni sur l'identité ni sur le nombre
de femmes présentes au matin du troisième
jour, on doit toutefois admettre qu'en choisissant
des représentantes du sexe dit faible comme
principaux (et quasi seuls) témoins de la
résurrection du Christ, tous ces auteurs
n'ont pas opté pour la facilité. À
cette époque, dans cet Orient (déjà)
très macho, le témoignage d'une femme
ne valait pas tripette ! Dans le meilleur des cas,
les dires de ces "Saintes Femmes" seraient assimilés
à des douces rêveries d'illuminées,
et dans le pire, à des délires fanatiques
d'hystériques. Le philosophe païen Celse
(IIe siècle) ne manquera d'ailleurs pas de
dénigrer le témoignage de "femmes
folles" et d'ironiser sur ce Messie prétendument
ressuscité, sur ce fils du Dieu Tout-Puissant
qui, dédaignant de confondre ses adversaires
en leur apparaissant nimbé de toute sa gloire,
ne se "laisse voir qu'à une femmelette
et à des comparses" (Discours de Vérité,
I, 28).
Paradoxalement, le choix de témoins si peu
crédibles peut apparaître aujourd'hui
comme une assez bonne preuve, non de la Résurrection
elle-même, mais du moins de la disparition
du corps de Jésus. Ou plutôt, pour
être encore plus prudent, le fait que les
auteurs des Évangiles aient été
contraints de recourir à des témoignages
qui, à l'époque, pouvaient poser d'énormes
problèmes de crédibilité, constitue
un bon indicateur de l'authenticité du récit
de la "Résurrection".
Tout le reste - c'est-à-dire la réalité
et la signification de la Résurrection -
dépasse l'analyse historique pour devenir
une question de Foi : les chrétiens croiront
à la Résurrection du Christ sans avoir
besoin de preuves, tandis que les autres émettront
des hypothèses tout aussi "improuvables"
!
Pour terminer je vous signale encore ce courrier
(Clic
!) où j'évoque les Saintes
Femmes qui gravitaient autour de Jésus, ainsi
que cet autre où je parle de la Résurrection
(Clic
!).
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17 Septembre 2003 |
ISDERNVS a écrit : |
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(
) Je travaille précisément
(et religiose) sur un poème d'Oppien,
les Cynégétiques, qui fut dédié
à Caracalla. Je l'ai traduit et le commente, et
voici la question sur laquelle je bute : il s'agit de
dater, au moins approximativement, cette uvre
; on admet d'ordinaire qu'elle fut dédié
à Caracalla adulte, lorsque, son père étant
mort, il possédait pleinement le pouvoir ; cependant,
si l'on sait du moins que le poème n'a pu être
composé avant la prise de Ctésiphon (dont
il y est fait mention à un endroit), une lecture
attentive du texte de la dédicace ne me semble
pas permettre de trancher s'il est question du Caracalla
d'après 211 ou du Caracalla augustus, empereur
fictif, de 198 jusqu'à la mort de Septime Sévère.
Selon qu'il s'agit de l'un ou de
l'autre, le sens de cette dédicace varie : destinée
à l'empereur véritable, c'est une dédicace
et un panégyrique ordinaires ; destinée
au fils de l'empereur, ce serait en revanche une pièce
de circonstance semblable à la IVe Églogue
(si l'on admet l'interprétation qu'en donne Carcopino)
ou, à la rigueur, à la dédicace des
Fastes d'Ovide à Germanicus, à savoir
un éloge indirect.
Voici donc une traduction très
littérale du morceau ; peut-être serez-vous
sensible à quelque détail qui fasse pencher
la balance dans un sens ou dans l'autre :
(1) Pour toi, ô
bienheureux, je chante, très glorieux soutien de
la terre,
(2) Lumière bien-aimée des belliqueux
enfants d'Enée,
(3) Doux rejeton du Zeus ausonien, ô Antoninus,
(4) Dont, puissante, pour le puissant Severus,
Domna porta la semence [;]
(5) Heureux celui dont elle partage[a]
la couche, heureux celui qu'elle mit au monde,
(6) Epouse du plus noble des hommes et mère
d'un généreux enfant,
(7) Assyrienne Cythérée, Lune que
rien n'éclipse,
(8) Nullement plus faible que la race du Cronide
Zeus ;
(9) (Puissent le Titan Phaéthon et Phoebos
Apollon être bienveillant.)
(10) A qui certes son père, par le labeur
de ses puissantes mains,
(11) A donné en possession toute la terre
ferme et toute l'humide immensité.
(12) Pour toi, en effet, verdoyants, conçoivent
les champs féconds,
(13) Et encore, sereine, nourrit ses fameuses espèces
la mer ;
(14) Pour toi, et tous les fleuves coulent d'Océan,
(15) Et, lumineuse, en souriant court la glorieuse
Aurore.
Voilà donc le champ de mes
recherches ! Excusez la traduction : j'ai essayé
d'être le plus littéral possible (ce qui
est souvent impossible)
Quant aux indices que j'y trouve,
concernant la question, les voici résumés
:
1. On ne peut douter qu'il
s'agisse de Caracalla (Marcus Aurelius Antoninus) à
cause du v. 4
2. Le "Zeus ausonien" dont il est le "doux
rejeton" ("ausoniou Zênos glukeron thalos",
v. 3) semble être Sévère - le diuus
de Sévère ?
3. Caracalla est dit, au v. I, "très glorieux
soutien de la terre" ("gaiês erikudes ereisma"),
ce qui pourrait laisser entendre qu'il est le seul empereur,
mais c'est loin d'être suffisant ;
4. La dernière partie (v. 10-15) pourrait conforter
cette impression.
Cependant :
5. L'expression "dôken
ekhein" (v. 11) est ambiguë : "il a donné
en possession" ou "possède " - le "labeur
des puissantes mains" de Sévère faisant
semble-t-il allusion à ses conquêtes ?
6. Les vers 12-15, dans leur outrance qui rappelle
la IVe Eglogue, v. 18 sqq. et les Georgiques,
24-42, pourraient n'être qu'une flatterie au jeune
empereur, un topos encômiastikos, et non
une allusion à son réel pouvoir (il faut
noter qu'Oppien est syrien et qu'il est enclin à
l'hyperbole, au style asiatique) ;
7. On constate en effet que, curieusement, l'empereur
n'est désigné dans tout le texte que comme
un enfant : l'enfant du Zeus ausonien (v. 3), celui
de Sévère et de Domna (v. 4), celui, en
particulier, de sa mère (v. 5-8), puis de son
père (v. 10-11) - nulle part il n'est fait mention
de ses propres actions ou de ses propres vertus ; seulement
(et très vaguement) de sa gloire (v. 2) et de
son rôle éminent de " soutien du monde
" (v. 1)
8. Il n'y a guère que la disproportion entre
la place qui est faite à l'éloge de son
père, plutôt moindre, et à celui
de sa mère, plus importante, qui puisse suggérer
qu'au moment où cette dédicace fut écrite
Caracalla était déjà seul au pouvoir
(le partageant, comme on sait, avec Julia Domna)
J'en suis à peu près
là. |
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RÉPONSE : |
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Ce que vous me demandez là dépasse un
peu (ô doux euphémisme) mes modestes compétences
d'historien amateur et de philologue d'occasion pour qui
le grec
c'est de l'hébreu !
Je ne connaissais guère Oppien que pour l'avoir
croisé dans La Couronne et la Lyre de Marguerite
Yourcenar, où la romancière, pour présenter
la traduction de morceaux choisis des Halieutiques
et des Cynégétiques, fournit quelques
renseignements biographiques sur cet auteur (ou ces auteurs"
puisqu'il semblerait que le livre consacré à
la pèche n'est pas de la même plume que celui
traitant de la chasse).
Après réception de votre mail, j'ai tenté
d'étoffer cette maigre documentation (maigre par
le volume, non le talent, bien sûr) en consultant
quelques bouquins ou sites internet. Mais, hélas,
les renseignements que j'ai pu - à grand peine
- recueillir, contredisent en bonne partie ceux fournis
par la grande romancière franco-belge.
Par exemple : Marguerite Yourcenar affirme que les Halieutiques
furent dédiées à Marc
Aurèle et à son fils Commode.
Toutefois, après vérification, il apparaît
que ce texte est également placé sous les
auspices d'Antonin Caracalla
Dommage, car,
si la grande Marguerite avait dit vrai, nous aurions pu
comparer si les couples impériaux Marc Aurèle
- Commode et Septime
Sévère - Caracalla
étaient traités de façon identique
dans les deux uvres attribuées à Oppien.
Cela aurait pu être très intéressant.
Hélas !

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Faute de pouvoir ajouter ma petite
pierre à votre studieux édifice, je
me résous donc à vous faire part,
en toute humilité, de mon "intime conviction"
- celle-ci étant aussi subjective que celle
des jurys d'assises puisque dénuée
d'éléments historiques ou littéraires
susceptibles de l'étayer.
Je pense donc que cette pièce a été
écrite au tout début du règne
de Caracalla
: le fait que Septime Sévère ne soit
presque pas évoqué semble le prouver.
C'est là, à mon avis, l'indice le
plus probant.
D'autre part, si ce texte ne mentionne explicitement
aucun exploit guerrier du jeune empereur - en Gaule
(213), sur le Danube (214) ou en Orient (à
partir de 215) -, c'est sans doute que celui-ci
n'avait encore accompli rien de grandiose. Dans
le cas contraire, le panégyriste n'aurait
pas raté de si belles occasions de glorifier
son héros, surtout dans un poème consacré
à la chasse ! Or, ici, Caracalla n'est nullement
exalté parce qu'il a giboyé les Germains
d'outre-Rhin, "forcé" les Barbares des steppes
danubiennes, ou sonné l'hallali pour les
Parthes aux abois, mais seulement parce qu'il est
le divin maître des Romains et le rejeton
illustre des noblissimes Septime Sévère
et Julia
Domna. Un éloge bien modeste pour un
souverain qui se voulait une réincarnation
d'Alexandre le Grand.
Quant aux évocations - convenues - du rôle
régénérateur de l'empereur,
qui fait reverdir la terre, refleurir les forêts
et repeuple mer et rivières, elles ne sont
peut-être justement destinées qu'à
masquer le manque de matière à éloges.
Faute de grives !
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23 Septembre 2003 |
Charlieeyango
a écrit : |
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Paul aurait connu plusieurs
empereurs romains. Qui sont-ils ? |
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RÉPONSE : |
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Saint Paul serait né au tout début de
l'ère chrétienne (vers 1 ap. J.-C.) et serait
mort à la fin du règne de l'empereur Néron
(entre 66 et 67 ap. J.-C.). Il aurait donc connu (dans
le sens de vivre sous le règne de) tous
les empereurs de la première dynastie impériale
romaine, les Julio-claudiens. À savoir :
Signalons également que Néron est le seul
empereur que Paul aurait peut-être "connu" (au sens
de rencontrer).
Pourquoi ?
Parce que l'apôtre des Gentils séjourna
à Rome dans les dernières années
du règne de l'empereur-artiste ; parce qu'il comparut
devant le tribunal impérial ; parce qu'il entretint
peut-être une correspondance avec le philosophe
Sénèque, ancien précepteur et conseiller
de Néron ; parce qu'il semble avoir fréquenté
le palais impérial, où, selon ses Épîtres,
il se fit d'utiles relations ; et enfin parce qu'il fut,
dit-on, exécuté sur ordre de cet empereur.
Cette rencontre - possible sinon probable - entre Paul
et Néron
a inspiré à Hubert Monteilhet un des plus
savoureux passage de son célèbre roman Néropolis.
À l'occasion d'un banquet
donné dans la demeure d'un riche patricien,
l'empereur interroge d'abord le saint sur les conceptions
artistiques des Juifs et des Chrétiens, ainsi
que sur leur opiniâtre refus de célébrer
le culte impérial. Paul d'ordinaire assez
soupe-au-lait, se montre ici fort gêné
aux entournures - et pas seulement à cause
de la toge que, tout fiérot de sa citoyenneté
romaine, il a cru bon de revêtir alors que
les autres convives portent de confortables tuniques
grecques plutôt que l'incommode vêtement
civique romain ("Ah, voici enfin un vrai citoyen
romain !", l'avait salué ironiquement l'empereur,
achevant ainsi de mettre mal à l'aise le
saint homme, quirite fraîchement émoulu).
Ensuite, apparaît une pythonisse, une "diseuse
de bonne aventure", engagée pour distraire
les convives. Hélas, sa prestation tourne
au vinaigre quand elle prédit que la plupart
des banqueteurs revêtiront un jour la pourpre
impériale. Nerva,
Vitellius,
Othon,
Vespasien,
Titus
et Domitien,
eux aussi présents à ce banquet, se
voient successivement promettre l'Empire. Et quand
vient le tour de Paul de tendre sa paume à
la devineresse, celle-ci s'exclame, hagarde : "Il
y a ici plus que huit empereurs !", et elle
tombe en transe, possédée par un esprit
cicéronien
Comme Hubert Monteilhet le précise dans
une note de bas de page : "Par un extraordinaire
paradoxe, le méfiant Néron, qui voulait
absolument un héritier de son sang et travaillait
à éliminer tous les prétendants
imaginables, vivait sans la familiarité de
Nerva et de Vitellius, avait épousé
la femme d'Othon, recevait aimablement à
sa cour Vespasien et ses fils, et avait confié
la Tarraconaise à Galba parce que ce richissime
personnage s'efforçait de se faire oublier.
(
) La mésaventure de Néron
illustre bien toute la difficulté de prévoir
quoi que ce soit." (Hubert MONTEILHET, Néropolis,
Éditions Juliard, 1984). |
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À ces futurs empereurs rencontrés lors
de ce banquet - apocryphe certes, mais Paul aurait effectivement
pu croiser ces personnages à la cour de Néron
- il faut peut-être encore ajouter le vieux Galba
auquel, selon Robert Ambelain, le saint aurait rendu visite
en Espagne afin de le rallier à la conjuration
de Pison : "Mais qu'était-il allé faire
en Espagne ? La romanisation de cette province était
très superficielle, et se limitait à peu
près à la côte méditerranéenne.
Et là-bas, pour représenter Rome, il y avait
Servius Sulpitius Galba, ancien proconsul d'Afrique, alors
gouverneur de l'Espagne Tarraconaise. Il ne viendra à
l'idée de personne de supposer que Saül-Paul
a pu s'enfoncer dans l'intérieur, parmi des populations
primitives et farouches, et y constituer des communautés
chrétiennes que nous ne retrouverons, avec quelque
réalité, qu'à la fin du second siècle,
vers 175-190, soit plus de cent ans après le voyage
de Saül-Paul. En fait, notre homme a été
prendre contact avec Galba, de la part de son ami Sénèque,
lequel, stoïcien conservateur, réactionnaire
même, est maintenant l'adversaire de Néron,
et surtout de ses mesures révolutionnaires."
(Robert AMBELAIN, La vie secrète de saint Paul,
Robert Laffont, 1972).
Ben voyons ! Personnellement, j'imagine assez mal Paul
risquer sa peau dans une xième voyage outre-mer
pour aller convaincre Galba,
une vieille baderne dépravée, avaricieuse
et égoïste, d'engager un combat qui n'était
pas le leur. À ce compte, j'aurais plutôt
tendance à penser (mais vous n'êtes obligé
de me croire) que, si l'Apôtre des Gentils a été
traîner ses baskets du côté de l'Espagne
(un voyage, au demeurant des plus hypothétiques),
ce serait plutôt pour aller discuter le bout de
gras - et, qui sait, coordonner incendie de Rome et révolte
juive - avec Jésus lui-même ! Oui, avec le
Christ "ressuscité", venu se remettre des horreurs
de la crucifixion sous le beau soleil de Narbonnaise en
dégustant le bon vin des Corbières avec
les savants rabbins du coin, et qui était encore
et toujours le chef incontesté d'un mouvement "chrétien"
violemment hostile à la domination romaine.
Toutefois, il est vrai que mes "preuves" sont du
même ordre que celles de M. Ambelain, c'est-à-dire,
des plus ténues ! |
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25 Septembre 2003 |
Luc a écrit : |
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Ce courriel pour vous demander
de m'éclairer sur un point.
J'admettais jusqu'à présent
la date du 3 novembre 361 pour la mort de Constance
II.
En lisant le tome II de l'Histoire
du christianisme (Desclée 1995), je suis pris
d'un doute. Les auteurs du chapitre sur Julien (Jacques
Flamant, Charles Pietri) écrivent (page 340) :
"Constance qui avait quitté le front perse pour
l'affronter (Julien), mourut à Tarse le 18 mai
361, après avoir reçu le baptême".
Les auteurs ne donnent pas de références.
Qu'en est-il ? |
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RÉPONSE : |
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Dans les Histoires (Livre XXI, 15) du bon vieil
Ammien Marcellin, nous pouvons lire que Constance
II "décéda le trois des nones d'octobre,
dans la trente-huitième année de son règne
qui était la quarante quatrième de son existence
- sans compter quelques mois de plus". Une note de
l'éditeur du texte précise : "Ce troisième
fils de Constantin était né à Sirmium
le 7 août 317, et il était devenu César
le 8 novembre 324. On sait par ailleurs que le jour de
sa mort fut le 3 novembre 361. Il faudrait donc lire
« nonarum Nouembrium » : erreur d'Ammien
ou de scribe (
) ?" (Ammien Marcellin,
Histoires, Livres XX-XXII, Texte établi,
traduit et annoté par Jacques Fontaine, Les Belles
Lettres, 1996).
Excepté cette Histoire du Christianisme
des éditions Desclée, tous les bouquins
de ma modeste bibliothèque indiquent bien le 3
novembre 361 comme date du décès de
Constance
II.
En ce qui me concerne, l'affaire semble donc réglée
Toutefois, le fait que les auteurs d'un ouvrage pourtant
"de référence" aient retenu - car cela ne
semble pas être le résultat d'une "coquille"
- le 18 mai 361 pour la mort du dernier fils de Constantin
ne laisse pas de me plonger dans un abîme de perplexité
pour le moins aussi profond que celui où vous avez
chu en lisant cette étrange date ! |
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Septembre 2003 |
Michel
a écrit : |
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Nouveautés
du site Archeobel
:
Voyez aussi :
- Une petite lampe
de fabrique romaine du IIIe siècle provenant
de l'actuelle ex-Yougoslavie : Clic
! (en haut à droite, celle de 79
mm)
- Une monnaie très
rare de Tibère, frappée en 22.
C'est un sesterce qui représente le "carpentum"
de Livia tiré par deux mulets. Le texte
figurant à l'avers de la monnaie et encore
plus étonnant : SPQR IVLIAE AVGVST (= Senatus
populusque romanus Ivliae Avgvsta) : Clic
!
Au vu de cette pièce, ne semble-t-il
pas que Tibère veut absolument apparaître
comme l'héritier du grand Jules via sa
mère Livie, et que c'est pour cela qu'il
lui attribue le nom de la famille des Juliens
? (Réponse du webmaster)
- Un denier de Titus
avec, au revers, un autel avec foudre l'horizontale
ainsi qu'une couronne - La foudre étant
attribut de Jupiter, cette monnaie proclame donc
que Titus est un empereur protégé
par Jupiter ! : Clic
!
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Last but not least :
- Pour ceux qui cherchent des
objets romains, cette page intitulée Vente-verkoop
: Clic
!
Ne croyez pas que mon site devient "commercial"
! Je suis seulement obligé de remplacer certaines
pièces ou de faire des acquisitions de pièces
encore plus intéressantes. Afin de financer ceci,
je mets en vente certaines pièces que j'ai en
double dans la collection ou que j'estime être
moins importantes que les nouvelles que je prévois.
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RÉPONSE :
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Votre interprétation de la propagande impériale
qui recèle la pièce de Tibère
à la gloire de sa mère Livie
me paraît exacte.
Il faut toutefois bien garder à, l'esprit que ladite
Livie n'était de la famille des "Jules" que parce
que son Auguste époux (qui lui-même n'était
un "Jules" que par adoption) l'avait adoptée sur
son lit de mort (légalement, son épouse
Livie était donc devenue
sa fille Julia !)

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Fait amusant, cette Livie qui avait
épousé en premières noces un
membre de la famille claudienne (Tibère et
son frère Drusus naquirent de ce mariage),
était elle-même une "claudienne". En
effet, son père faisait partie de la gens
Claudia avant de se faire adopter par un certain
Marcus Livius Drusus, un célèbre tribun
de la plèbe. Livie s'appela donc Claudia,
puis Livia, puis Julia
Me demande vraiment comment les Romains s'y faisaient
pour s'y retrouver avec toutes ces adoptions !
Cette pièce montre aussi que l'empereur
Tibère
était à la fois un bon fils et pas
rancunier pour un sou ! Il faut dire que le titre
de Julia Augusta que portait sa vieille môman,
c'était, en quelque sorte, la dernière
vacherie que, sur son lit de mort, son beau-père
Auguste
avait commise à son égard. En adoptant
son épouse et en lui conférant le
titre d'Augusta - alors que, de son vivant,
il n'avait jamais daigné partager son titre
honorifique d'Auguste qui que ce soit - le
vieil empereur semblait proclamer à la face
de monde romain que la seule personne digne de lui
succéder, c'était Livie, pas Tibère
!
Dans ces circonstances, on comprend pourquoi Tibère
hésita à prendre le pouvoir. Déjà
qu'il n'était pas très sûr ni
d'avoir envie ni d'être capable de gouverner
Rome, mais si, en plus, il fallait passer sur le
corps de sa mère pour y parvenir, il y avait
de quoi hésiter. |
Par cette monnaie, sans doute frappée à
l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de
Livie (née en 58 av. J.-C.). Tibère manifeste
qu'il est doublement Auguste et doublement César
(grâce son statut de fils adoptif d'Octave-César-Auguste
ainsi que parce qu'il est fils biologique de Livia Augusta,
épouse et fille adoptive du même Auguste). |
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