Olybrius

472
Olybrius
(Anicius Olybrius)

Olybrius pouvait se considérer comme l’héritier légitime de l’empire d’Occident : il était le gendre de Valentinien III, ayant épousé Placidia, sa plus jeune fille.

Soutenu ouvertement par Genséric, le roi des vandales, et (secrètement) par l’empereur byzantin Léon, il se présenta au camp de Ricimer alors que celui-ci était en train d’assiéger Rome où l’empereur Anthémius s’était retranché.

Pour Ricimer, ce prétendant à l’Empire ne pouvait mieux tomber : c’était juste le pion qu’il lui fallait dans la partie qu’il avait engagée contre l’empereur. Il le reconnut aussitôt comme son maître et souverain… Ce qui, par ailleurs, aurait dû susciter une certaine inquiétude de la part d’Olybrius quand on connaissait le sort que le patrice avait réservé à ses impériaux prédécesseurs ! (23 mars 472)

Quoi qu’il en soit, Ricimer n’eut guère le temps de se lasser d’Olybrius. À peine Rome prise, Anthémius assassiné et Olybrius installé sur son trône encore ensanglanté (11 juillet 472) que Ricimer mourait d’une courte, mais pénible, maladie.

Quant à Olybrius, il n’eut guère le temps de se réjouir de cette disparition car, quelques mois après, il s’éteignait lui aussi, de mort naturelle semble-t-il. (23 octobre 472).

Est-il utile de préciser que cet empereur jouit d’une fâcheuse réputation ? Son nom est même passé dans le langage courant, pour désigner un individu fanfaron, stupide et excentrique.

Pourtant, on ne connaît presque rien de ce souverain, et le peu qu’en sait est déformé par le ressentiment de ses biographes contemporains à l’égard d’un empereur imposé à Rome par ses ennemis les plus implacables (les Vandales), par ses rivaux les plus constants (les basileus byzantins) et par un des plus grands responsables de la chute de l’Empire d’Occident (le patrice Ricimer).

Quant au substantif « olibrius », si j’en crois le Grand Dictionnaire historique de la Langue française (Robert), il est attesté dès le XVIe siècle et proviendrait tout autant de notre Olybrius d’empereur que de deux autres Olybrius, popularisés par des légendes moyenâgeuses, tout aussi hagiographiques que dorées.

Un premier Olybrius, gouverneur d’Antioche, aurait martyrisé sainte Marguerite et l’autre, gouverneur des Gaules, se serait « occupé » de liquider sainte Reine !

Et le dictionnaire de signaler également que ce mot « olibrius » est rare jusqu’au XXe siècle. Doit-on se demander pourquoi il redevint si populaire au XXe siècle ?… Merci cap’tain Haddock !